Louise DUMONT

Photographie

{FR} Artisan laqueur, diplômée de l’Ensaama, Louise Dumont travaille avec son oeil et ses mains, couleurs et effets, profondeur et brillance, sensualité et richesse. Si son métier consiste à restaurer les antiquités asiatiques, sa photographie pourrait faire allusion à la technique japonaise qui, en sublimant les fissures de céramiques par une réparation visible et ornementale au moyen de laque et de poudre d’or, met en valeur leurs histoires. Symbole et métaphore de la résilience, l’art du kintsugi invite à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites, et atypiques. Sensible à l’œuvre d’Antoine d’Agata, Berlinde de Bruyckere et Francis Bacon, le corps nu, brut – est au coeur de son motif photographique. La chair comme matière et l’ombre pour sculpter. Louise Dumont scrute, entaille, détaille, met en lumière des particularités épidermiques, que certains appelleraient imperfections ; cicatrices, cellulite, vergetures, rides, hématomes, éphélides…En s’approchant au plus près et/ou en bouleversant la lecture originelle de l’image, elle aime tendre vers l’abstraction. Désir que l’oeil se trouble, se perde dans un amas de tissus, de muscles et de graisses, que les organes deviennent indéfinissables et le genre imprécis.

Avec ses corps sans visage, créatures aux formes et aux couleurs propres, charnus ou squelettiques, titanesques, flexibles et meurtris, à la peau opaline ou mordorée, elle se crée une espèce d’identité universelle, un corps commun dans lequel chacun.e peut se projeter. Un corps aux milles histoires. La chair mise à nue, photographiée, noème du « ça-a-été », se veut aussi garante poétique de l’égalité face à la mort, tel un memento mori. Rarement pratiqué à visage découvert, l’autoportrait est récurrent dans son travail. Elle use de procédés tels que masques, maquillage-camouflage, textures. Cet exercice se caractérise souvent par un jeu du hasard et des métamorphoses. Cette alchimie entre danse et lumière stroboscopique – qui permet en quelque sorte de saisir le mouvement au vol et ainsi de multiplier ses « moi » –, calculs et abandon, spontanéité et patience, résonne comme une sorte de transcendance, vestige presque immatériel de son passage terrestre. Ses images se sont greffées à des expositions collectives en France et à l’étranger, notamment à Paris, Berlin, Dublin et Livourne, aux côtés d’œuvres d’artistes tels que H.R Giger et David Lynch.


{EN} A lacquer artisan and graduate of Ensaama, Louise Dumont works with her eyes and hands, colours and effects, intensity and brilliance, sensuality and richness. If her profession consists in restoring Asian antiques, her photography could be allusion to the Japanese technique which, by sublimating ceramic cracks through visible and ornamental repair using lacquer and gold powder, brings out their stories. Symbol and metaphor of resilience, the art of kintsugi invites us to recognize the beauty that lies in simple, imperfect, and atypical things. Sensitive to the work of Antoine d’Agata, Berlinde de Bruyckere and Francis Bacon, the body – naked, raw – is at the heart of its photographic motif. Flesh as matter and shadow as sculpture. Louise Dumont scrutinizes, cuts, details, brings to light epidermal particularities, which some would call imperfections; scars, cellulite, stretch marks, wrinkles, haematomas, ephelides… By getting as close as possible and/or by upsetting the original reading of the image, she likes to tend towards abstraction. Desire that the eye becomes blurred, lost in a mass of tissues, muscles and fat, that the organs become indefinable and the genre imprecise.

With her faceless bodies, creatures with their own shapes and colours, fleshy or skeletal, titanic, flexible and bruised, with opaline or bitten skin, she creates a kind of universal identity, a common body into which everyone can project themselves. A body with a thousand stories. The naked, photographed flesh, the noem of «thatsummer», is also a poetic guarantee of equality in the face of death, like a memento mori. Rarely practiced with the face uncovered, the self-portrait is recurrent in his work. She uses procedures such as masks, make-up, camouflage and textures. This exercise is often characterized by a game of chance and metamorphosis. This alchemy between dance and stroboscopic light – which in a way allows one to capture movement in flight and thus multiply one’s «selves» -, calculation and abandonment, spontaneity and patience, resounds like a kind of transcendence, an almost immaterial vestige of her earthly passage. His images have been grafted onto group exhibitions in France and abroad, notably in Paris, Berlin, Dublin and Livorno, alongside works by artists such as H.R. Giger and David Lynch.

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